Daniel Vila constructeur du midi de la France à proximité de la Ville de Montpellier.
Piloter un avion a toujours été un rêve depuis mon plus jeune âge, mais l’incertitude de pouvoir le réaliser et le manque de moyens m’ont conduit à emprunter une autre voie : la menuiserie. À 21 ans, j’ai fondé ma propre entreprise, L’Escalier Artisanal. À l’époque, ma seule motivation était de développer cette activité, surtout en tant que jeune père de deux enfants. Autodidacte, j’ai appris toutes les techniques de construction et je suis devenu un spécialiste des escaliers.
Le déclic pour renouer avec le monde de l’aviation est survenu à l’occasion de mes cinquante ans, lorsque mes enfants m’ont offert une initiation au pilotage à l’aéroclub de Candillargues, sous la direction d’un pilote de chasse chevronné, Roger Denis. Cette expérience a ravivé en moi le rêve d’enfant que j’avais presque oublié. Inspiré par cette nouvelle passion, j’ai réorganisé mon emploi du temps pour obtenir ma licence de pilote privé (PPL).
Quelques années plus tard je découvrais le site de Jean Jacques Ballot d’où je suivais avec attention toutes les étapes de sa construction. Après un premier contact avec Serge Pennec le concepteur de cette fabuleuse machine j’étais pratiquement séduit par la construction du prototype convaincu que le sort de l’aviation légère dépendait de l’économie faite en grande partie sur le carburant. Son premier exploit de franchir une distance importante (Ouessant Propriano) pour 70€ a fait tourner bien des têtes. S’était l’avion rêvé mais il fallait le construire. Ma décision fut prise au moment ou je me retirai des affaires car une telle construction peut couler son entreprise.
La construction d’un avion exige une réflexion approfondie à chaque étape, accompagnée de patience, de persévérance, et d’une attention minutieuse aux détails. La qualité et la sécurité de la réalisation dépendent de chaque action : le moindre collage, la stratification, l’installation d’une ferrure, l’orientation des fibres du bois ou encore le choix des matériaux influent directement sur votre vie et celle de vos passagers. En résumé, il faut faire preuve d’audace et de persévérance.
Le coût d’achat d’un avion est généralement si élevé qu’il rend souvent ce rêve inaccessible, au point de devenir une obsession. La construction amateur offre cependant l’avantage de répartir les dépenses dans le temps, en achetant les éléments au fur et à mesure, sans trop grever le budget familial.
Le temps investi est également un facteur clé. Pour ce type d’appareil, il faut compter environ trois ans et demi (à raison de 4 à 5 heures par jour), ce qui empiète inévitablement sur le temps consacré à la famille. On peut facilement imaginer les tensions et les conséquences que ce projet peut entraîner. Depuis que j’ai entamé cette construction, j’ai comblé des lacunes dans de nombreux domaines, qu’il s’agisse de métallurgie, de composites, de mécanique, d’électricité, ou encore de la compréhension des divers composants d’un avion. Chaque aspect est abordé en détail, jusqu’aux premiers essais en vol. Si tous ces paramètres sont maîtrisés, alors on peut se lancer.
Je finis ici ce chapitre par une citation de Paulo Coelho
La seule chose qui puisse empêcher un rêve d’aboutir !
C’est la peur d’échouer.
Point sur la construction. Avril 2015
Après un dernier état des lieux, je me donne un mois pour tout finaliser. Par nature impatient, je ressens le besoin de me fixer des objectifs stricts pour avancer. Mais cette dernière ligne droite semble interminable : il y a toujours des imprévus, et la tension monte.
Pour le mois de mai, je prévois les essais avec l’hélice, la finition des emplantures des ailes, du cockpit, la peinture, la décoration, le collage de la verrière, ainsi que les premiers réglages des commandes. Le tout doit être parfaitement terminé avant de déplacer l’avion sur le terrain, car tout doit être prêt jusque dans les moindres détails, et non une fois sur place !